1. Réappropriation progressive de l'ensemble du territoire communal par ses habitants

L’objectif principal est donc d’établir des liaisons réciproques entre le bourg et la périphérie : et ainsi attirer les habitants de la périphérie dans le centre-bourg tout en faisant pratiquer l'espace public de la périphérie aux résidents du bourg.
Il semblait donc essentiel de commencer le travail d'unification du village par une redéfinition minutieuse de l'espace public. En recréant ces liens de manière tangible et concrète : via la requalification de la voirie carrossable et piétonne, accompagnant le dessin d'un nouveau maillage qui permet de mettre un terme à la logique actuelle des « raquettes » et impasses.
Dans un second temps, l'effacement de la limite entre centre bourg et périphérie peut également se réaliser grâce à la mise en place d'un réseau d'équipements de loisirs et de promenade, et de services qui profitent à l'ensemble de la population de Pieusse : Affirmant une nouvelle volonté de relation entre Pieusse et l'Aude, se développe ainsi un espace d'activités nautiques au nord est du village. Le ru s'impose lui aussi désormais comme un élément structurant à revaloriser dans le paysage. Une promenade piétonne qui le borde est ainsi aménagée, et qu'une série de potagers partagés profitant aux maisons sans jardin du centre-bourg. Ces nouveaux « équipements » s'ajoutent à ceux déjà présents : mairie, foyer, école, stade, jardins publics, cimetière.
Cette nouvelle définition de village uni dans sa vie quotidienne s'impose autant grâce à ces équipements à l'échelle du territoire, que grâce à l'instauration de services de proximité au sein même du centre bourg. Ayant quitté le village au profit des grandes surfaces, ils sont pourtant une condition essentielle à la qualité de vie de Pieusse. Outre l'installation possible d'une maison de la santé et d'un relais postal dans des bâtis vacants de qualité, la bibliothèque se situe désormais dans la maison Joseph Delteil. Jusque là laissée vacante, elle présente pourtant un caractère patrimonial important de par sa relation à l'histoire du village. A sa place, s'installe un espace adressé à la vie quotidienne des habitants : épicerie/tabac/dépôt de pain, voire affichage des actualités locales, permettant également de remettre en valeur le lavoir. Ces équipements, associés à ceux déjà existants : café, église, chambre d'hôtes, sont disposés de manière à contrer le déséquilibre constaté entre est et ouest du centre bourg. Le village médiéval est désormais parcouru quotidiennement dans son ensemble, et pas seulement par ses habitants.

1. Traitement des entrées de ville

Le traitement des entrées de ville s'est également imposé comme un élément essentiel de projet. Il nous a mené d'une part à développer deux espaces de stationnement majeurs permettant aux visiteurs – à l'aide du travail sur a voirie – de laisser leur voiture à l'entrée du village pour cheminer jusqu’à son centre. Face à l'altération du paysage de Pieusse lié notamment au développement de nouveaux quartiers au pied du centre bourg, il semblait pertinent de préconiser un développement concentré sur le plateau à l’est du village, et de renforcer la végétation au pied du bourg médiéval afin de préserver les vues lointaines depuis et vers le bourg. Ces grandes orientations se sont ainsi accompagnées par un travail plus en détail sur l'espace public au niveau de ces entrées de ville, avec la mise en place de dispositifs facilitant la lisibilité du village pour les visiteurs : bancs, signalétiques, plans, panneaux, etc. Depuis ces entrées de ville, des cheminements piétons irriguent l’ensemble du territoire communal.

2. Rentre les logements du centre-bourg aussi attractifs que des pavillons

L’autre axe de travail essentiel a été d’intervenir sur les typologies de logements du village médiéval afin de les doter des qualités des pavillons de périphérie, ajoutées aux qualités du centre-bourg.

3. A chacun son jardin

On observe, tout d’abord, que le village médiéval se compose en grande partie de logements dépourvus d’espaces extérieurs propres. Une des volontés fortes du projet a donc été d’assurer à chaque habitant un espace de vie extérieur, quand cela est possible, mais aussi un jardin. Pour cela, échelle architecturale et échelle urbaine ont permis d’amener deux types de réponses.
A l’échelle urbaine, sur le modèle d’un certain nombre de potagers déjà présents, le long d’un ru qui se veut désormais élément structurant du paysage, se créent une série de jardins partagés. Associés à un cheminement piéton requalifié, ils permettent de faire pratiquer l’ensemble du territoire communal par les habitants du centre bourg et de mettre en place une vie commune à l’ensemble du village de Pieusse, tout en offrant à chacun une portion de terrain à cultiver.

4. Des respirations dans la ville

Sur le modèle de certaines initiatives déjà amorcées au niveau de l’espace public par la ville, il paraissait essentiel de profiter des opportunités laissées ponctuellement par un bâti vacant et sans caractère patrimonial particulier pour venir créer des vides dans le tissu médiéval enserré du centre bourg. Ces nouveaux squares, amenant lumière et espace aux maisons attenantes, sont autant de nouveaux lieux privilégiés d’échanges pour la vie quotidienne à Pieusse.

5. Un espace en plus

Par ailleurs, l’étude du tissu urbain de Pieusse a permis de mettre en évidence la présence d’un très grand nombre de bâtis annexes : possédant pour la plupart la typologie des anciens greniers à foin, et utilisés essentiellement en garage ou ateliers, ils présentent une forte opportunité de récupération de surface habitée et, parce qu’ils ne constituent pas des éléments patrimoniaux de grande valeur, des espaces de toiture à exploiter.
Nous avons donc choisi de développer à l’échelle architecturale des structures simples pouvant s’adapter à toutes ces opportunités. Ces structures en bois, légères, sont faciles à assembler dans un tissu urbain étroit (filière sèche) au sein des enveloppes de pierres intouchées. Elles se caractérisent par une adaptabilité constructive (finition, isolation des pièces laissées au choix de l’habitant), et d’usage (les différentes configurations possibles permettent autant la création de pièces en plus pour une famille que de constituer un appartement indépendant.
Ainsi au rez-de-chaussée se développent deux espaces couverts mais non isolés : un garage sur la rue et un atelier à l’arrière, bénéficiant d’une hauteur sous plafond plus généreuse et d’un éclairage en partie haute. Aux différents demi-niveaux supérieurs s’organisent successivement deux espaces clos et couverts : une pièce de vie avec toilette et / ou salle de bains puis une cuisine. Le dernier demi-niveau est occupé par une terrasse surmontée d’une pergola et donnant sur la rue.

6. Réhabiter la rue

Ces nouveaux lieux mis en place sont autant de moyens pour les habitants de se réapproprier l’espace de la rue et de redonner vie au centre-bourg.