















Le travail conjoint de l’association et des étudiants permet de rendre plus intelligible la situation du quartier auprès de la Commission d’Enquête Publique de Janvier-Février 2007, et en avril 2007, cette dernière délivre « un avis défavorable unanime » à la DUP. Un coup d’arrêt est donné au premier projet d’aménagement des Bas-Heurts et du Clos-Montfort.
En 2014, un nouveau projet de ZAC pour le quartier des Bas-Heurts / Clos aux Biches est mis sur la table par la mairie de Noisy-le-Grand, conçu et dessiné cette fois par l’agence de l’architecte-urbaniste Christian Devillers. Ce projet s’inscrit dans la continuité du projet Maille-Horizon-Nord, situé sur une partie de la friche du Clos-Montfort et dont l’aménagement a déjà débuté.
Le nouveau projet pour Maille-Horizon et les Bas-Heurts partage en effet certains des grands principes du projet des étudiants de 2007, mais il pose toujours le même problème de fond : celui de s’implanter dans un site sans en considérer ni le parcellaire, ni les typologies existantes, ni les habitants. Cette ignorance du tissu existant engendre des situations problématiques, en particulier sur les franges du projet : de brutales ruptures d’échelles entre les tissus pavillonnaires et les grands collectifs culminant à R+9 ou R+10, susceptibles de perturber l’équilibre morphologique du quartier, après en avoir expulsé les habitants. Il en résultera à coup sûr l’émergence d’une enclave urbaine totalement étrangère aux formes antérieures et incapables d’assurer une transition progressive vers des densités plus élevées compatibles avec les formes urbaines et le tissu existants. L’ADIHBH-V (Association de Défense des Intérêts des Habitants des Bas-Heurts et de la Varenne ) décide alors de faire à nouveau appel à de jeunes diplômés de l’ENSAPLV pour trouver à nouveau une alternative à cette démarche. Dans la continuité des principes énoncés il y a huit ans, ils sont convaincus que l’urbanisme de ZAC doit être questionné quand il implique la table rase quasi-systématique et la production d’un monde hétérogène en rupture avec le contexte dans lequel il s’insère.
Face à un projet dont certaines grandes orientations apparaissent comme pertinentes et surtout face au contexte de Maille-Horizon Nord – le quartier voisin déjà en construction – qu’il faut désormais prendre en compte, le travail de l’association et d'Asphalt s’est rapidement orienté vers la recherche d’un compromis, plutôt que vers un contre-projet sur l’ensemble du site ou une opposition ferme mais stérile à toute évolution.
Comme en 2007, et afin de répondre à la demande de l’ADIHBH-V, le projet élaboré par le CAU doit scrupuleusement préserver les maisons encore habitées sur le site et atteindre une constructibilité totale d’environ 1000 logements, sensiblement inférieure à celle du projet du Clos-aux-Biches. C’est donc avec ce double objectif que le travail s’est engagé.
Ce projet n’est pas un plan-masse qui fixerait une fois pour toute la forme, l’implantation et les contours des volumes bâtis. Au-delà de sa souplesse d’adaptation, il n’est finalement qu’une démonstration que les objectifs quantitatifs de l’opération d’aménagement du quartier des Bas-Heurts peuvent effectivement être atteints en garantissant que ses objectifs qualitatifs (préservation des maisons existantes, échelles plus adaptées, évolution et mutations progressives du tissu, qualités urbaines recherchées, etc.) le soient également.
Le projet du CAU pour l’ADIHBH-V se présente donc comme un amendement à celui du Clos-aux-Biches, soutenu par la mairie de Noisy-le-Grand. Il présente néanmoins un certain nombre d’avantages qui laissent à penser qu’il peut servir de base à un consensus fructueux :
- Il réalise la performance densitaire requise par l’association (1 000 logements + commerces & équipements de proximité) tout en préservant les maisons encore habitées du quartier et en réduisant globalement les gabarits constructibles ;
- Base d’un compromis possible avec les initiatives prises par la collectivité locale, il est en mesure d’atténuer les tensions et créé les conditions favorables à la mise en œuvre rapide d’une opération d’aménagement ambitieuse qui respecte néanmoins tant les modalités d’occupation existantes du site que les processus de mutation progressive qu’il requiert ;
- Sa méthode, qui consiste à créer un nouveau découpage parcellaire à partir des structures foncières existantes, assure les conditions optimum d’adaptation et d’inflexion nécessaires à la conduite d’un projet de longue échéance au cours duquel il conviendra d’ajuster les dispositifs architecturaux à des situations évolutives ;
- Le nouveau découpage parcellaire associé à un règlement urbain particulier permettront l’aménagement cohérent de l’espace dans le temps.
Ainsi, face à un projet urbain « absolu » qui fait table rase de tout parcellaire et de toute construction, proposant des ruptures d’échelle brutales avec le contexte de Bry-sur-Marne et la Varenne, ressemblant étrangement aux zacs périmétrées contemporaines, s'affiche un projet urbain « relatif », qui compose avec l’existant (parcellaire et bâti), non pas parce que ce dernier a une valeur architecturale, mais parce qu’il devient le garant de la singularité du projet : en construisant avec des contraintes, on construit de manière moins générique.
Début juin 2015, le projet est présenté aux services d'urbanisme de de la ville de Noisy-le-Grand ainsi qu'aux autres intervenants concernés et par la suite aux habitants de Noisy-le-Grand. A l'issu de ces réunions, urbanistes en charge du projet et aménageur reconnaissent la nécessité de composer avec l'existant face à l'hypothèse de table rase préconisée par la mairie et à laquelle ils s'étaient donc pliés. En ce sens, ces présentations constituent un premier tournant dans la remise en cause du projet.
Le 17 juin, suite au constat d'un certain nombre d'irrégularités, le conseil d'état annule les élections de mars 2014. La destitution de Michel Pajon, maire de Noisy-le-Grand depuis 20 ans, de ses fonctions, fragilisant encore le projet de la ZAC du Clos-aux-Biches.
Sujet sensible devenant un point essentiel de campagne électorale, le projet de ZAC est évidemment décrié par la plupart des candidats interrogés par l' ADIBH-V, qui tour à tour, à droite comme à gauche, prônent "un urbanisme apaisé", condamnent "les démolitions sytématiques" et la "politique du bétonnage", et promettent de "stopper tout ce qu'il sera encore possible de stopper".
L’élection de nouveaux représentants donne un coup d'arrêt définitif au projet mis en place par les précédentes mandatures. Brigitte Marsigny, élue le 20 septembre 2015 s'inscrit dans la mouvance d'une densité contrôlée s'installant dans un tissu existant.